Découvrez en 3 mn avec Alain Quinet la stratégie mise en place par SNCF Réseau pour faire face au changement climatique

La stratégie d’adaptation au changement climatique.

Alain Quinet, Directeur Général Exécutif Stratégie et Affaires Corporate chez SNCF Réseau, a dévoilé la stratégie d’adaptation au changement climatique. Mise en place depuis deux mois, elle vise à préparer le réseau ferroviaire aux défis climatiques tout en poursuivant les efforts de décarbonation.

La stratégie de SNCF Réseau repose sur deux piliers : l’atténuation et l’adaptation. L’atténuation concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre. SNCF Réseau souhaite s’inscrire dans l’objectif européen d’une décarbonation totale des activités d’ici à 2050.  À ce jour, à travers ses différentes actions, l’entreprise a déjà réalisé 30 % de cet objectif.
Au-delà de l’atténuation, Alain Quinet est revenu sur les grands principes de la stratégie d’adaptation qui consiste à préparer les infrastructures ferroviaires aux effets inévitables du changement climatique, comme les vagues de chaleur, les tempêtes et les inondations. Il a souligné que l’adaptation est désormais reconnue comme essentielle pour la résilience des infrastructures. Les projections climatiques indiquent en effet que le monde pourrait se réchauffer de 3 degrés d’ici la fin du siècle, ce qui signifierait un réchauffement de +4 degrés pour la France et l’Europe en raison de divers facteurs géographiques et climatiques. Alain Quinet a expliqué que l’hémisphère nord et les terres se réchauffent plus vite que le Sud et les mers, ce qui nécessite une préparation spécifique pour une France à +4 degrés. Selon le Ministère de l’Écologie, ce scénario pourrait se concrétiser d’ici à 2100 et le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC) prévient qu’on pourrait atteindre +5 degrés si les émissions de carbone continuent d’augmenter.

Si les fortes chaleurs et les incendies font partie des risques climatiques, les problèmes autour de l’eau est des inondations sont les plus complexes à prendre en compte..
Le réseau ferroviaire français est exposé aux aléas climatiques. Actuellement, 80% du réseau est en déblais ou en remblais, ce qui augmente sa vulnérabilité aux variations climatiques. Les infrastructures, notamment les ouvrages d’art et les ouvrages en terre, sont très exposés. Les retards liés au changement climatique représentent entre 3 et 7 % des causes de retard chaque année et cette tendance est en augmentation. Alain Quinet a également mentionné un événement en début d’année : un glissement de talus entre Lyon et Givors, qui a causé le déraillement d’un TER, heureusement sans conséquences pour les voyageurs, entraînant quatre jours d’immobilisation et des interventions importantes. Ce type d’incident illustre les impacts directs du changement climatique sur le réseau ferroviaire et souligne l’urgence de renforcer les mesures de prévention et d’adaptation.

Pour anticiper et atténuer ces impacts, SNCF Réseau a mis en place plusieurs mesures :

  • Adaptation de l’exploitation ferroviaire : l’entreprise utilise désormais des prévisions météorologiques de plus en plus précises pour adapter l’exploitation de ses trains.
  • Adaptation de la maintenance : la maintenance du réseau ferroviaire doit également s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. Avec une végétation plus abondante, qui pousse 15 jours plus tôt et dont les feuilles tombent 15 jours plus tard qu’avant, la gestion de la végétation est devenue essentielle. Alain Quinet a mentionné l’abandon du glyphosate et l’importance de traiter la végétation pour éviter les départs de feu et les déstabilisations des plateformes. Des capteurs sont également installés pour surveiller la température des rails, afin de prévenir les déformations en raison de la chaleur.  L’utilisation de la peinture blanche sur les guérites de signalisation par exemple pour diminuer la chaleur.
  • Projets d’infrastructures résilientes : pour les nouvelles lignes comme la ligne à grande vitesse Nîmes-Montpellier, la conception inclut déjà des mesures pour résister aux aléas climatiques, notamment les zones marécageuses sujettes aux inondations. Cette ligne a été construite avec des structures ce qui permet la transparence hydraulique, assurant un écoulement des eaux qui ne perturbe pas la plateforme ferroviaire.
  • Innovations techniques : SNCF Réseau teste et déploie des innovations techniques pour améliorer la résilience des infrastructures. Par exemple, le développement de nouvelles techniques de rails, comme l’évolution des normes pour les longs rails soudés, améliore la résilience en période de canicule. De nouvelles caténaires sont également testées pour maintenir la tension en période de chaleur intense et des composants électroniques plus résilients sont mis en place.

Le coût de l’inaction face au changement climatique est estimé à environ 30 millions d’euros par an, ce qui inclut les dommages aux infrastructures et les pertes de péage. Ce chiffre pourrait être multiplié par deux ou trois en prenant en compte les actions déjà engagées comme le traitement de la végétation et la surveillance accrue.

Pour répondre à ces défis, SNCF Réseau mise sur l’augmentation des budgets de rénovation et de modernisation du réseau. Ces budgets permettent de rajeunir le réseau, d’introduire des composants plus résilients et de moderniser les infrastructures grâce à la digitalisation ce qui diminue ainsi la surface d’exposition aux éléments climatiques.

Enfin, Alain Quinet a souligné que la montée en puissance des budgets de rénovation et de modernisation créé plusieurs opportunités pour SNCF Réseau :

  • Rajeunissent du réseau : un réseau plus jeune est intrinsèquement plus résilient.
  • Introduction de composants résilients : les composants introduits lors des rénovations seront mieux calibrés pour anticiper une France à +2, +3, +4 degrés. Par exemple, les rails sont renouvelés tous les 30 ans, ce qui permet de les adapter progressivement aux nouvelles conditions climatiques.
  • Digitalisation : la modernisation du réseau inclut une digitalisation accrue ce qui réduit les infrastructures au sol et augmente les résiliences en diminuant la surface d’exposition.