Le BIM, une méthodologie à adapter aux infrastructures ferroviaires
Une des difficultés de l’application du BIM réside dans la nature-même des infrastructures ferroviaires : le BIM est d’abord conçu pour les bâtiments, il n’a pas été pensé pour la gestion de projets linéaires et infinis. Dans le ferroviaire, la difficulté est précisément d’appréhender la linéarité dans l’espace avec des tronçons très longs, des couloirs de lignes avec des objets en différents endroits comme les passages à niveaux par exemple, ou des postes d’aiguillage, des objets connectés à longue distance.
Alors que le BIM permet une importante réduction des délais et des coûts des projets et facilite le travail des équipes d’exploitation et de maintenance (c’est d’ailleurs un outil important pour la maintenance prédictive), son utilisation massive n’est pas encore la norme. Si certains projets ont pu se lancer, comme l’annonce de la généralisation du BIM sur les 122 principales gares SNCF du territoire français d’ici 2031, c’est encore rare dans des projets linéaires.
Un rapport de KPMG pointait ainsi plusieurs freins à son utilisation :
D’abord, une organisation peu favorable liée à des habitudes de travail peu collaboratives et à une organisation en silos. Les process mis en œuvre dans le BIM ferroviaire intègrent la gestion d’infrastructures ferroviaires qui demandent beaucoup d’interaction, de décloisonnement. Avant, le travail était séquentiel, il devient collaboratif. Il faut que l’organisation s’adapte, puisse détecter les incohérences et faciliter le travail en équipe. Et ce, sur l’ensemble du cycle de vie de l’infrastructure ferroviaire de la conception à la construction, l’exploitation, la maintenance et le démantèlement.
Ensuite, le rapport met en avant la difficulté des projets de financement du surcoût généré par l’utilisation du BIM entre la MOA et la MOE. Autre difficulté, le travail de normalisation en cours et le déploiement de solutions logicielles adaptées aux contraintes du réseau ferré.
Enfin, dernier frein et non des moindres, l’adaptation des compétences.
Pourtant, l’utilisation du BIM progresse, la prise de conscience de ses atouts dans un contexte de modernisation et de développement du réseau ferré permet la concertation des acteurs pour surmonter les freins qui entravent son déploiement. Le développement continu de formations par les universités d’entreprises est aussi un levier important.
Des formations adaptées au BIM ferroviaire pour en faciliter le déploiement
L’adoption du BIM demande des montées en compétences, qu’il s’agisse d’évolutions des pratiques actuelles avec par exemple la réalisation de plans techniques à partir du modèle 3D, ou d’acquisition de nouvelles compétences comme la modélisation des objets constitutifs de la maquette avec des objets spécifiques au monde ferroviaire, des managers BIM dédiés au suivi de projet, etc. Il faut donc avoir des formations orientées ferroviaires à la fois en termes d’organisation et de méthodes, ainsi qu’au niveau des outils.
Les solutions logicielles permettant la mise en œuvre du BIM dans des projets linéaires ne sont pas adaptées, les formations doivent donc être indépendantes des éditeurs de logiciel. Les universités d’entreprise du monde ferroviaire comme l’Université de l’Ingénierie sont dans ce contexte des ressources précieuses pour ces formations.
Le recours à ces formations va permettre au BIM de se développer avec des collaborateurs qualifiés pour s’adapter à l’évolution de leur métier ou en avoir un nouveau, cela va permettre au BIM de rayonner réellement dans l’organisation de l’entreprise et d’homogénéiser un niveau de base pour être prêt à aller plus loin dans la mise en œuvre effective. Les formations doivent pouvoir accompagner tout le process de montée en compétences et d’appropriation de l’outil, des fondamentaux au perfectionnement.
L’offre de formations doit d’ailleurs être en constante évolution pour accompagner les collaborateurs dans l’évolution de l’outil. L’Université de l’ingénierie en collaborant notamment au projet Staffer souhaite participer pleinement à la réflexion autour des compétences clés au niveau européen nécessaires pour faire du BIM une méthodologie du quotidien.