Si dans l’univers de la formation l’erreur est souvent perçue comme un obstacle à éviter, ne faudrait-il pas admettre qu’elle est un élément essentiel du processus d’apprentissage ? En effet, c’est un outil puissant qui favorise aussi bien le développement intellectuel qu’émotionnel des apprenants. Dans un contexte d’entreprise apprenante, la formation professionnelle doit aller plus loin dans la conception des formations en s’appuyant sur les collaborateurs eux-mêmes. Il faut accompagner les formateurs dans cette démarche. L’objectif est ainsi de développer le compagnonnage en apprenant à apprendre efficacement et notamment en intégrant l’erreur.
Faire de l’erreur un allié pédagogique
L’erreur est une source d’apprentissage et qui doit avoir une place au cœur de chaque formation. Le cerveau progresse par l’erreur et il existe deux types de mécanismes pour l’intégrer :
- La théorie du cerveau bayésien : c’est une approche issue du traitement prédictif (PP : Predictive Processing). Cette théorie suppose que le cerveau encode des croyances pour générer des prédictions et en faisant des erreurs, cela lui permet de mettre à jour ses croyances.
- L’essai-erreur : L’apprentissage repose en grande partie sur ce mécanisme. Si on tente un geste pour attraper un objet et qu’on y parvient, le geste est mémorisé et si on manque l’objet, il faut le corriger. Il existe dans le cerveau des systèmes qui «codent» les attentes et les erreurs, à savoir la différence entre les attentes et le résultat obtenu. James Howard et Thorsten Kahnt, de l’université Northwestern, ont d’ailleurs identifié les circuits cérébraux qui contribuent aux apprentissages. (Carré, P., & Mayen, P. ‒ Psychologies pour la formation)
Grâce à ces prédictions et en se trompant, le cerveau évolue et apprend. De ce fait, l’erreur ne doit pas être répréhensible mais doit être une opportunité de s’améliorer ! C’est une démarche dans laquelle nous nous engageons. En effet, au sein de l’UdI, l’erreur est acceptée et même vivement recommandée car elle fait partie du processus : sans erreur il n’y a aucune avancée. Comment est-elle intégrée en formation ? C’est un travail de confiance instauré par le formateur et par son seuil d’acceptation de l’erreur afin que les apprenants ne craignent pas de se tromper. L’UdI va même plus loin en souhaitant développer prochainement une formation autour des erreurs rencontrées lors de la réalisation d’études de conception et des erreurs répétitives causées par un manque de méthode. Cette formation s’appuierait sur une base de cas pratiques constituée au fur et à mesure du temps.
Encourager l’innovation par le biais de l’erreur
Dans un monde en constante évolution, il est important d’avoir une approche novatrice en reconnaissant que l’erreur en formation n’est pas simplement tolérée mais qu’elle est essentielle à l’innovation et à la créativité. Même si en règle général l’objectif premier d’un apprenant est d’obtenir de bons résultats, il est important que les formateurs encouragent la prise de risque et valorisent la persévérance face à l’échec pour qu’ils soient confrontés à des situations réelles que l’on rencontre dans le monde réel du travail. Ainsi, en travaillant dans une parfaite confiance et dans le non-jugement, les apprenants peuvent plus facilement oser et se montrer créatif et innovant. En accompagnant des apprenants à prendre des risques, à apprendre de leurs erreurs et à utiliser ces expériences pour évoluer, la nouvelle génération est prête à relever les défis futurs avec créativité et détermination. En fin de compte, nous avons tous intérêt à intégrer l’erreur dans nos processus de formation. Source d’amélioration, de créativité, d’innovation ou de bien-être, ses bienfaits sont nombreux.
En plus d’être une approche pédagogique, l’intégration de l’erreur reconnaît la valeur des tentatives d’apprentissage. Les apprenants doivent être encouragés à les voir comme des étapes à franchir sur le chemin de la maîtrise. Quant aux formateurs, ils ont la possibilité de créer un environnement où l’erreur est acceptée et utilisée comme un accélérateur de croissance. Ainsi, grâce à cette démarche, l’apprentissage devient un processus dynamique où l’erreur est un tremplin vers la réussite.