La collaboration dans la formation ferroviaire en Europe
Barbara GRAU, Responsable des Affaires Sociales Européennes et Internationales pour le Groupe SNCF, a mis en lumière le rôle de l’Union Européenne dans la formation. Bien que l’UE ne dispose pas de compétences législatives directes en matière de formation, elle appuie, coordonne et complète les actions des États membres. En particulier, l’UE met en place des programmes et des plans pour renforcer les compétences et promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie.
Ainsi, l’Union Européenne a lancé l’initiative European Years of Skills, une campagne lancée du 8 mai 2023 jusqu’au 9 mai 2024 afin de promouvoir les compétences au sein des États membres de l’UE. Cette initiative ne se limite pas à certains métiers ou secteurs mais englobe tous les domaines où les compétences jouent un rôle essentiel. Un autre élément clé : le Pacte de Compétences. Il incite différentes parties prenantes comme les autorités nationales, locales, partenaires sociaux, entreprises et instituts de formation à collaborer pour répondre aux besoins de compétences dans divers secteurs.
Depuis 2016, l’UE a en effet identifié 28 secteurs qui ont besoin de compétences spécifiques dont le secteur ferroviaire, sélectionné en 2020. Dans ce cadre, l’alliance sectorielle pour les compétences dans le ferroviaire, nommée Staffer (Skills and Training Alliance for the Future of European Railways) a toute son importance. Staffer réunit 31 partenaires, dont 15 universités et instituts de formation (comme l’Estaca, le CNAM et le CESI en France) et 16 entreprises qui représentent à la fois des opérateurs ferroviaires (comme SNCF avec l’Université de l’Ingénierie) et des industriels (comme Alstom et la FIF). Avec un budget de 4 millions d’euros sur quatre ans (dont 85 000€ pour la SNCF), l’objectif de Staffer était d’identifier les compétences nécessaires, développer des programmes de formation, promouvoir la mobilité des apprentis et étudiants et mettre en place une stratégie pérenne pour le secteur au-delà de la durée du projet. En termes de formation continue, Staffer a également travaillé sur des initiatives telles qu’un MOOC sur le BIM créé par l’UdI pour former les ingénieurs aux nouvelles technologies. Une Summer School prévue en septembre, organisée par l’université d’Erfurt et ProRail, offrira aux jeunes ingénieurs une formation sur l’impact du digital dans le ferroviaire, notamment en parlant de digitalisation de l’exploitation et d’ERTMS.
Barbara GRAU a également souligné l’importance de la mobilité internationale et des échanges entre pairs pour les professionnels du ferroviaire. Elle a mentionné le projet de créer un site web où les étudiants peuvent trouver des informations sur les formations ferroviaires disponibles dans différentes universités européennes et candidater pour des parcours dans d’autres pays. Cette initiative permettra de pallier au manque de formations purement ferroviaires en France, où l’enseignement ferroviaire est souvent intégré dans des cours de troisième cycle ou dispersé. Erasmus, le programme européen le plus connu en matière de formation, bénéficie d’un budget considérable de 26,6 milliards d’euros pour la période 2021-2027, presque le double par rapport à la période précédente (14,7 milliards d’euros pour 2014-2020). Erasmus est reconnu pour ses échanges d’étudiants pour qu’ils poursuivent leurs études dans différents pays européens. Les universités européennes travaillent au lancement d’un Erasmus du rail. L’objectif est de créer des parcours pour les jeunes qui font des études ferroviaires à travers l’Europe.
Enfin, Barbara GRAU a insisté sur l’importance de l’apprentissage des langues pour faciliter la mobilité internationale et les collaborations au sein du secteur ferroviaire européen. Elle conclut en rappelant que la fin de l’agrément EPSF nécessitera une refonte des systèmes de formation pour maintenir les standards de sécurité et de compétence, tout en s’adaptant aux nouvelles directives européennes.