Les Explorateurs : la frugalité comme levier d’innovation ferroviaire
Le cycle Les Explorateurs, organisé par l’Université de l’Ingénierie (UdI) et le réseau Synapses, s’est ouvert avec une première intervention inspirante d’Hélène Arfaoui-Kaynak, Responsable des coopérations européennes et internationales sur l’automatisation des trains au sein de la direction Innovation, Technologie et Projets Groupe.
Son propos a posé le cadre conceptuel de cette série de conférences : comment faire de la frugalité un levier d’innovation et de performance pour l’ingénierie ferroviaire.
La frugalité, une nécessité pour la signalisation
« Et si les systèmes de sécurité de demain ne dépendaient pas seulement de la technologie la plus sophistiquée, mais de notre capacité à être frugaux ? »
C’est par cette question qu’Hélène Arfaoui-Kaynak a introduit sa réflexion sur la signalisation ferroviaire, enjeu stratégique pour l’avenir du réseau. Face à la baisse de fréquentation de certaines lignes et à l’augmentation des coûts, la frugalité devient une condition de survie pour de nombreuses dessertes locales.
« Dans le ferroviaire, la frugalité n’est pas un slogan : c’est une nécessité. »
Chaque projet doit ainsi trouver le juste équilibre entre technologie, économie et besoins réels.
Déconstruire les idées reçues
Cette intervention a permis de lever plusieurs illusions fréquentes :
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La standardisation seule ne rend pas un réseau frugal.
L’exemple de l’ERTMS, coûteux et complexe à déployer, montre que la recherche du juste besoin prime sur le standard universel. -
La densification du trafic n’est pas toujours la solution.
Dans les zones rurales, l’enjeu principal est la compatibilité des systèmes et la fluidité, plutôt qu’une augmentation artificielle de la fréquence. -
Recycler l’existant ne suffit pas toujours.
Certaines technologies vieillissantes deviennent plus coûteuses à entretenir que des solutions modulaires et modernes.
Trois leviers pour une ingénierie sobre et performante
Pour avancer concrètement, trois axes structurent la démarche des équipes Synapses :
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Mesurer la frugalité, grâce à des outils qualitatifs et quantitatifs qui évaluent coût, efficacité et impact.
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Remettre l’humain au centre, car une solution n’est pas frugale si elle complique exploitation ou maintenance.
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Préparer la transition entre systèmes anciens et nouveaux, en assurant la coexistence de plusieurs générations technologiques sur une même ligne.
Des solutions concrètes déjà à l’étude
Les travaux du groupe ont permis d’identifier cinq grandes familles de solutions :
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Dématérialisation de certains équipements grâce à des capteurs embarqués.
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Recyclage de principes éprouvés, comme la signalisation à jetons ou la commande centralisée.
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Rationalisation des télécommunications, en ajustant les performances au juste besoin.
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Sécurité ajustée, basée sur des architectures simples et vérifiables.
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Essais et modélisations, pour réduire coûts et délais de développement.
La frugalité, une nouvelle richesse
« La frugalité n’est pas synonyme de pauvreté, c’est une nouvelle richesse : celle de l’efficacité, de l’adaptation et de l’intelligence collective. »
Pour Hélène Arfaoui-Kaynak, cette approche ouvre une nouvelle ère de la signalisation ferroviaire, capable d’assurer sécurité, durabilité et continuité du service tout en maîtrisant les coûts.
À suivre…
Cet article inaugure une série de quatre publications consacrées aux interventions du cycle Les Explorateurs, dédié à la sobriété dans le ferroviaire.
🎥 Le replay de cette première conférence est disponible ici : VIMEO / YOUTUBE