Génie Signalisation : Christophe HEDE, Développeur-Animateur-Formateur et Manager de plusieurs développeurs animateurs

Quelle est votre fonction aujourd’hui à la SNCF ?
Je travaille à la Direction technique au sein de SNCF Réseau, dans le département Signalisation Ferroviaire. Je suis responsable d’une section document d’exécution concernant les mises en œuvre des postes d’aiguillage et en charge d’une équipe de 42 personnes. De plus, je suis responsable du nouveau processus d’étude de signalisation et je m’occupe également de la qualification 13 100 qui s’adresse à nos partenaires industriels pour les études en sécurité. Je réalise ainsi des audits en m’appuyant sur mon expertise métier.

Pourquoi avoir fait le choix de participer à la création de cette formation ?
Suite aux embauches qu’on effectue en ce moment, on s’est rendu compte qu’il y a de vraies difficultés d’apprentissage des jeunes (Bac +2 ou Bac +5). Le métier de la Signalisation ferroviaire ne s’apprend pas dans les écoles. Ma volonté première était d’offrir à nos jeunes recrues une formation adaptée à leurs besoins notamment pour ceux qui débutent dans la vie professionnelle afin qu’ils puissent acquérir les grandes notions de la signalisation et qu’ils travaillent d’ores et déjà sur de petites études de signalisation.
Je souhaitais également apporter mon expérience pour faire progresser notre réseau national et que nos partenaires industriels puissent monter en compétence grâce à cette formation.

Quel a été votre rôle concrètement ?
J’ai participé à l’écriture du cahier des charges et à la refonte de cette formation avec une méthode agile. J’ai été développeur et formateur du module GS9 consacré aux Passages à niveau puis je suis intervenu en tant qu’expert métier en fond de salle sur les modules : Détection des circulations (GS2) et Aiguilles et signaux (GS3).

Qu’est-ce que cela vous a apporté de participer à la conception de cette formation ?
Personnellement, ça m’a permis de me remettre en cause. Cela fait plus de 20 ans que ce métier est mon quotidien, ce qui fait que je ne me rends plus forcément compte de la difficulté de ce que je peux évoquer. En effet, ce sont pour moi des notions très simples et que je maîtrise parfaitement, cependant je me suis aperçu que je devais m’améliorer sur ma façon d’exprimer les aspects techniques, je dois être plus simple et plus ludique pour être compris de tous.
Au-delà de cette remise en cause, il y a aussi cette approche humaine qui permet de construire un parcours intéressant avec des jeunes du réseau national. Les échanges que j’ai pu avoir avec certains d’entre eux durant les formations ont été très enrichissants car ils me permettent de me rendre compte du niveau de difficulté de nos référentiels qui sont peut-être parfois trop complexes. Je retiens surtout la richesse de cette formation au travers des jeunes !

Avez-vous rencontré des difficultés pendant la conception de la formation ? Si oui, lesquelles et comment les avez-vous surmontées ?
En tant que manager de grande section, ma principale difficulté a été le temps. La charge induite par ce projet est importante et il est vrai que le temps m’a cruellement manqué donc bien souvent je travaillais le soir mais aussi le week-end. La conception des supports pédagogiques demande du temps d’autant plus quand j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois pour construire le support.
J’étais par ailleurs fortement sollicité du fait d’être en charge de 42 agents et j’avais cette problématique de m’isoler pour travailler sur les supports.

Retenteriez-vous l’expérience ?
Oui bien sûr ! Je suis déjà positionné sur d’autres projets notamment la formation Passages à niveau et je suis aussi appelé sur un parcours de formation qui est en cours de création qui se nomme ARGOS, c’est une nouvelle technologie du pôle d’aiguillage.

Conseillerez-vous à des collègues de participer à ce type de projet ?
Oui je recommande d’y participer et c’est déjà fait auprès de mon équipe ! Ils sont réellement convaincus du besoin mais très réticents à l’idée que cela puisse empiéter sur leur vie privée, et je le conçois tout à fait. L’idée serait aussi que l’entreprise ait une vraie vision sur la façon dont elle pourrait récompenser ces formateurs occasionnels pour les inciter davantage à participer à ce type de projet.

Si vous deviez définir en un mot cette expérience ?
J’hésite entre deux mots… Je dirai intense et enrichissant !
Intense car cela a été intense aussi bien dans le travail à fournir que dans les relations humaines avec les rencontres que j’ai pu faire. Et enrichissant dans l’approche intellectuelle du projet et l’approche humaine qui était très intéressante parce qu’après tout, on apprend toujours les uns des autres.